Quai Branly | Le Fresnoy – Lauréat résidence sonore 2024 : Junior Mvunzi

Pour la troisième édition du programme de résidence sonore du musée du quai Branly – Jacques Chirac, dont le Fresnoy – Studio national est partenaire, le jury a retenu le projet de l’artiste Junior Mvunzi.

Les résidence sonores : un programme d’aide à la création

En écho à son engagement et soutien en faveur du patrimoine immatériel des cultures qu’il représente et de la création contemporaine, le musée a mis en place au début de l’année 2022 un programme de résidence sonore en partenariat avec Le Fresnoy – Studio national. Le dispositif prévoit une dotation à hauteur de 8000 euros et le financement de la production d’une œuvre sonore conçue en lien avec les collections, enjeux et thématiques du musée. Ce programme d’aide à la création permet d’accueillir chaque année un artiste originaire de l’un des quatre continents représentés dans les collections du musée (Afrique, Asie, Océanie, Amériques) pour la réalisation d’un projet artistique unique. À l’issue de l’appel à projets, un jury international de personnalités du monde de la création sonore et audiovisuelle désigne un artiste qui est invité à produire un projet original en cohérence avec sa trajectoire artistique, en lien avec les collections matérielles et immatérielles du musée.

La résidence s’effectue cette année encore en partenariat avec Le Fresnoy – Studio national, qui l’accueillera pour deux sessions de travail et l’accompagnera dans la production de son œuvre sonore. Sa création sera présentée au public en mars 2024 et intégrera les collections du musée.

Les lauréats

2024 : Junior Mvunzi (République démocratique du Congo) pour son projet : Musique Automatique
2023 : Aïda Aldibek (Kazakhstan) pour son projet : Ton dernier repos sera bercé par des chants. En savoir plus
2022 : Youmna Saba (Liban) pour son projet La réserve des non-dits. En savoir plus

Projet lauréat 2024 : Musique Automatique

Musique Automatique est une exploration audacieuse alliant musique expérimentale et sonorités populaires inspirées de la rumba. En collaboration avec le batteur autrichien Andi Stecher, Junior Mvunzi a développé une approche novatrice en utilisant des matériaux recyclés pour créer des automates qui remplacent les instruments conventionnels. L’essence de la démarche réside dans la transformation de déchets en objets musicaux originaux. Ces automates, une fois archivés par une table de commande semblable à une platine de DJ conçue par l’artiste, génèrent des bruits qui deviennent la matière première de cette création. Le producteur intervient ensuite pour capter et transformer ces bruits en une mélodie harmonieuse sur laquelle Junior Mvunzi place sa voix avec des paroles évoquant les thèmes de la rumba, tels que les relations amoureuses et le rapport à la patrie. En explorant les archives sonores du musée et en les intégrant à cette démarche artistique, l’artiste cherche à créer une œuvre qui transcende les frontières entre les genres et les époques, tout en explorant les liens entre culture populaire et patrimoine – repousser les limites de la musique expérimentale en intégrant des éléments sonores du passé, ancrés dans la richesse patrimoniale du musée.

Biographie

Junior Mvunzi (né en 1990) est un artiste multidisciplinaire originaire de Kinshasa en République démocratique du Congo (RDC). Formé aux métiers d’électricien et de mécanicien, il intègre l’école des Beaux-Arts de Kinshasa. Sa pratique mêle art, science et technologie et s’étend de la sculpture à la performance en passant par la réalisation de films et la production musicale.

Junior Mvunzi se consacre à la transformation de déchets en tout genre, électroniques notamment tels que des cartes mères, des téléphones et des câbles qui symbolisent l’omniprésence du numérique dans nos vies. Il crée à partir de ces matériaux d’imposants costumes, masques, tableaux et bijoux qui interpellent sur le contraste entre richesse géologique de la RDC et une réalité marquée par la précarité. Junior Mvunzi travaille principalement le cuivre, l’aluminium et le plastique – qui jonche les sols des rues et pollue les cours d’eau. Chaque création sous-tend une réflexion sur le monde qui nous entoure et sur des sujets à portée universelle.

Son engagement écologique et l’hommage aux ancêtres sont des dimensions essentielles de son travail, et des thématiques liées car, dans la tradition congolaise et Bantoue en particulier, les ancêtres sont les gardiens de la Terre – un espace sacré que les ancêtres nous ont légués et dont nous devons être les garants. Ses œuvres veulent être des réponses possibles aux questionnements environnementaux. Ses sculptures soulèvent des questionnements sur l’identité culturelle, le mysticisme et le contexte post-colonial – l’art comme un refuge face à un environnement tumultueux : « Je conçois un monde « bizarroïde » à travers une esthétique futuriste et dérangeante, un univers dystopique dont mes créations proviennent, avertissant du pire que l’avenir pourrait nous réserver ». Junior Mvunzi a participé à plusieurs expositions collectives à Kinshasa, à l’Institut Français et au Goethe Institute. Il a remporté en 2018 la 3e place au concours Art Tembo avec une sculpture imposante représentant une bouteille de marque, réalisée en métal et autres matériaux recyclés. Il est actuellement représenté par la galerie parisienne Les Enfants terribles.

© Photographie de Junior Mvunzi © Christophe Ecoffet


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