Installation
Le projet s’inspire de la « Misurgia Universalis » de Kircher (1650), un orgue cosmique montrant la création de l’univers et de Juana Inès de la Cruz (1689) qui a matérialisé, à travers ses poèmes, l’affrontement des cultures. Pour eux, les outils scientifiques, l’étude des langues et la mystique convergent en un seul point.
Misurgia Sisitlallan est un voyage entre le microscopique et le macroscopique. Sa narration mélange des considerations anthropologiques et scientifiques. Des dieux précolombiens et africains sont invoqués par une incantation de flutes aztèques, ils s’incarnent et émergent de la pénombre, performant des gestes ancestraux. Les voix forment une polyphonie chantée en nahuatl, en français, en fon, en anglais, en espagnol et en créole haïtien. Les vues de météorites, de lave, du pollen nous convient à voyager entre les langues et les règnes.
Vir Andres collabore avec Jérôme Nika (IRCAM) pour la création sonore : une mémoire logicielle hybride les langues selon la durée et l’intensité. Côté image, il travaille au sein de l’UMET, laboratoire spécialisé dans la science des matériaux. Il établit un parallèle entre différents codes linguistiques : un mythe et une hypothèse scientifique, le capteur du microscope éléctronique et celui d’une caméra.
L’œuvre explore la relation entre la naissance du parler et celle de l’univers. Elle part à la recherche de cartographies occultes et des formes fractales, l’imagerie scientifique du MEB se transforme en un moyen de communication avec les divinités. Enfin, Vir Andres porte son attention sur l’hétéroglossie, qui met en évidence des rapports de domination sémantique et qui fait surgir l’harmonie et la cacophonie.