Pneuma, πνεῦμα/’pneu̯.ma/neutre. 1. Souffle : souffle du vent, expiration de l’air, respiration. 2. Souffle divin : Esprit divin, Saint- Esprit. 3. Air chaud responsable de la vie.
L’orage gronde, un lit s’enfonce dans la nuit. Ma mère, mes soeurs, mon frère et moi partageons des histoires d’humains et de plantes. Autrefois, nous nous attachions aux arbres pour guérir. Autrefois encore, nous brûlions pour nos remèdes. Sous les reflets d’une lune, un feuillage se meut à l’oeil nu, des bactéries fécondent l’air et des herbiers menacent : un jour viendra où le monde se renversera.
Dans la culture grecque primitive, le logos et le cosmos n’étaient pas encore séparés mais formaient un tout cultivé. Notre vie dans le jardin d’Éden devait-elle avoir été ceci : une célébration de la nature, y compris la nôtre, comme un don divin, avant de prétendre nous approprier la connaissance du bien et du mal ? À quelle époque de son évolution et au nom de quelle nécessité l’humain s’est-il séparé de la nature, et de lui-même comme nature ?
Pneuma est un film-essai entre fiction expérimentale et documentaire, qui interroge les soubassements de notre culture occidentale à travers une généalogie critique de notre relation au végétal. Par un détour biographique, la réalisatrice relie l’intime au politique, et rend sensibles les liens entre héritage chrétien et dépossession des savoirs populaires, produisant ce que Starhawk qualifie de culture de la mise à distance qui caractérise toujours le monde moderne. À l’heure où le vivant est menacé de toute part, où l’altérité est vécue sous le prisme du pouvoir et de la peur, le film tente de renverser le récit d'une tradition infidèle à la vie, où chacun est condamné à être en exil vis-à-vis de soi-même.
Quand le végétal se meut à l’œil nu, quand des hommes s’accrochent aux arbres et que des plantes toxiques se vengent de l’humanité, c’est notre place au sein du cosmos qui semble à reconquérir. C’est l’urgence d’un « nous » multi-espèces à (ré)inventer.
Frédéric D. Oberland, ma chère famille, Lucile Mercier, Margaux Serre, Renaud Bajeux, Lucie Marty, Étienne Lesur, Wim Van Egmond, Lucie Bercez, Camille Jamain, Yosra Mojtahedi, Kendra Mc Laughlin, Guillaume Mattana, Florian Berthellot, Cédric Degalez, Laurent Ripoll, Romain Ozanne, Christophe Manon, Camille Richert, Emilien Awada, Faye Formisano, Cindy Coutant, Louisette Pitau, Mr et Mme Denis, Jona, Grégoire Couvert, Antoine Flament, Frédérique & Jean-Pierre Frances, Philip Bouffil, Sacha Paula, Nathalie Poncer, Evelina Domnitch & Dmitry Gelfand, Sandrine D’Haene, Éric Prigent, Aurélie Brouet, Blandine Tourneux, Deborah Drelon, Madeleine Van Doren, Daniel Dobbels, Luc Hossepied, Benoît Hické, Emanuele Coccia, Eline Grignard, Olivier Cheval, Antoine Granier, Stéphanie Gervot et tous mes camarades du Fresnoy.
Fanny Béguély est née à Antibes en 1990. Sa pratique oscille entre le cinéma, la photographie et la performance. Elle a étudié la littérature en classe préparatoire à Nancy et le cinéma à l’université Paris 3 et à l’ENSAV de Toulouse. Elle s’intéresse dans son travail à l’invisible, au vivant, à l’abolition des frontières entre le charnel et le spirituel, à la recherche d’une perspective moins anthropocentrée. Ses œuvres ont été présentées entre autres à la galerie Jocelyn Wolff (Paris), aux Voies Off des Rencontres de la photographie (Arles), à GESTE : Matérialité photographique (Paris), à Côté Court (Pantin) et à Blow-up Arthouse International Film Festival (Chicago).
Cursus2018-2020: Le Fresnoy, Studio national des arts contemporains, Tourcoing
2017: École Nationale Supérieure d'Audiovisuel (ENSAV), Toulouse
2012: Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle, Master recherche en Études Cinématographiques, parcours "Le cinéma et les arts : Esthétique et Histoire de l’art" et "Expérimentations", Paris
2009: Hypokhâgne et Khâgne, Lycée Henri Poincaré, Nancy