Installation, projet scientifique
La voix humaine est un outil puissant pour exprimer une infinité de nuances émotionnelles et affectives, telles que la douleur et la passion, l’ivresse et la fureur, l’épouvante et l’exaltation... L’espèce humaine possède cette étonnante faculté à aisément moduler sa voix en fonction de son interlocuteur⋅rice, afin de souligner ses intentions verbales pour susciter toute une palette d’impressions auditives. Et si cette capacité était apparue au cours de l’évolution humaine afin de charmer son prochain ? Lorsque Charles Darwin énonce en 1871 dans son livre La Filiation de l’homme et la sélection sexuelle (The Descent of Man, and selection in relation to sex), son hypothèse est séduisante :
« Il n’y a rien d’improbable à soutenir que les ancêtres de l’homme, mâles ou femelles, ou tous deux, avant d’avoir acquis la faculté d’exprimer leurs tendres sentiments en langage articulé, aient cherché à se charmer l’un l’autre au moyen de notes musicales et d’un rythme. »
Toutefois, les rapports de séduction d’aujourd’hui sont-ils les mêmes que ceux de nos ancêtres ? À l’ère de la communication numérique, la parole n’est-elle plus qu’un artefact du passé ? L’œuvre présentée propose de répondre à cette question à travers une forme de séduction particulière de nos sociétés modernes : le speed-dating.
Elodie Wattiaux, Eric Prigent, Martin Delzescaux, Claire Pollet, Valentine Gelin, Luc-Jérôme Bailleul, Blandine Tourneux, Valérie Durand, Melissa Barkat-Defradas, Michel Raymond, le pôle installation et les promotions Michelangelo Antonioni et André S. Labarthe du Fresnoy – Studio national.
Après des études supérieures en écologie et en biologie de l’évolution entre Brest, Paris et le Canada, Alexandre Suire prépare actuellement une thèse à l’Université de Montpellier. Il s’intéresse tout particulièrement au rôle de la parole humaine dans le cadre du choix d’un partenaire sexuel. Plus précisément, il cherche à comprendre comment la voix opère au sein des rapports de séduction. À cette fin, il propose une interprétation darwinienne de cette thématique au regard de l’évolution humaine.
