Installation
Junkyard explore les épaves accumulées comme de véritables vestiges archéologiques pour l’avenir – un avenir sous-tendu par les cultures consommatrices de pétrole, de minéraux et de métaux rares dont la voiture est emblématique.
L’argument de Paul Virilio sur la relation entre la technologie et les accidents est éclairant en ce sens : « chaque fois qu’une nouvelle technologie a été inventée(1) », écrit-il, « une nouvelle énergie exploitée, un nouveau produit fabriqué, on invente aussi une nouvelle négativité, un nouvel accident ». En ce sens, la conclusion facile serait que les gens qui ont inventé la voiture ont aussi inventé l’accident de voiture. Mais que se passe-t-il lorsque l’on pense non pas aux accidents individuels, mais à l’ensemble de l’industrie donnant une plus vaste dimension à cet accident systématique qui laisse alors des traces d’épaves en souvenir des périodes archéolo- giques passées, qu’il s’agisse de produits chimiques, de métaux ou de traces résiduelles du secteur automobile ? En d’autres termes, que se passe-t-il si nous pensons que toute l’industrie, sa production, sa distribution, l’extraction des ressources et son usage, ce qu’elle a engendré au niveau des ressources naturelles, de l’organisation du travail et des rôles de genre, est un accident historique qui compromet la viabilité de l’existence humaine organisée - l’industrie automobile comme l’accident de l’utilisation sans limite des énergies fossiles?
Jussi Parikka et Yiğit Soncul
(1) : Critical Mass," World Art, no. 1 (1995), 81.