On découvre l’océan la veille, en fin d’après-midi.
Derrière la maison, nous l’avions vu pour la première fois, au moment où la marée monte.
On aurait presque peur de se coucher le soir et qu’elle continue à monter indéfiniment, recouvrant la plage, les routes, entrant dans la forêt, recouvrant les arbres.
Elle viendrait jusqu’à monter les vieux escaliers de pierre et s’engouffrer dans nos lits, porter nos corps endormis pour nous réveiller au milieu d’un nouveau monde.
Le paysage est vert, une barque dérive au fond de l’eau.
Il n’est pas nécessaire d’en tenir les rames, elle avance, habituée à sa solitude.
Au-dessus, très loin à la surface, le soleil brille.
Les rayons traversent les courants sans en être détournés, ils tombent à pic.
Parfois il nous arrive d’apercevoir une jeune fille là où passait la première rivière.
Curieusement on n'a jamais envie de lui parler.
On nous dit que la maison enfin n’est plus seule.
Que l’on a placé un petit arbre devant elle.
Les règles nous sont inconnues, c’est à nous d’en inventer d’autres,
un peu plus loin, au dehors.
Née à Cannes en 1991, Bettina Blanc-Penther vit et travaille à Paris.
Après être passée par la Sorbonne en lettres modernes appliquées, elle sort diplômée en 2015 de l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris. Dans ce cadre, elle écrit un mémoire : Le Corps de l’écrivain, qui questionne l’écriture comme passage entre mémoire et création.
Parallèlement au projet du Fresnoy, elle participe en tant qu’interprète au projet Footballeuses du
chorégraphe Mickaël Phelippeau.
Production : Le Fresnoy, Studio national des arts contemporains