Ov
PHARMAKON. Dernière conversation dans l'écume de tes commissures - Installation - 2019
présentée dans le cadre de l'exposition Panorama 21


Pharmakon est le remède, ou le poison.
Chaque jour d’ouverture, à une certaine heure, se déclenche une Dernière conversation dans l’écume de tes commissures, un cycle dans lequel tu es invité.e à entrer en gestation. Dans l’antre humide de la créature, une silhouette inerte diffuse une conversation dangereuse. Réveil après réveil, une entité détachée part insatiablement en chasse. L’environnement semble former une couche de protection difficile à transgresser, mais laisse pourtant échapper quelques râles d’existences étouffées. Le corps global devient cancéreux et un liquide s’en écoule.
Après ces instants arrachés au néant auquel tu résistes, dans le refuge des brèches que tu désires, il n’y a plus de retour en arrière, il est trop tard pour rester calme, c’est ce qu’une telle opération implique. Il y a un moment où tu crois en l’importance de chacun, il y a un moment où il faut sortir les couteaux, c’est le premier pas réel hors du cercle, c’est nécessaire quand le monde se déchaîne.
Louange à la chair de l’époque qui lève le soleil de minuit.
Louange aux marges.
Technosauvages.
Dansons avant d’être repéré.e.s.
Dansons avant d’être dépecé.e.s.
Ov
Ov est une artiste réalisatrice à la plume de feu. Prenant source dans des eaux sauvages assimilées de l’ouest, remontant vers de hautes écoles et institutions (Wits Johannesburg, Le Fresnoy, Unesco), traversant de nombreux grands festivals de films internationaux (Cannes Court Métrage, FID Marseille, Festival dei Popoli, Nouveau Cinéma Montréal, Ann Arbor, DOK Leipzig, FEST New Directors, Annecy Animation, Concorto, Split, London Animation, Göteborg, Uppsala) et quelques diffusions TV (France 3), Ov a tenté d’alerter la société sur la trajectoire erronée que prend notre humanité. Mais c’était bien dans les somptueux marais sans frontières et foisonnants de résistances qu’elle retrouvait quantité de germes de vérité, de potentialités infinies. Dans ces zones disséminées, Ov et ses amiex, créatures multiples et complexes, de toutes leurs couleurs, cœurs, mentalités et esprits, s’animent sans répit. Elles s’y rencontrent, se reconnaissent, s’aiment, fleurissent, prennent soin du monde, tissent et défendent fermement les liens puissants qui les connectent à la vie. Elles ont pour vision une vie profonde et digne, celle que l’on touche du doigt la larme à l’œil aux abords du temps, héritage de nos entrailles. Dans ce grand mouvement de transformation, elles se recréent, de chaque brasier renaissent d’une énergie plus belle, plus consciente et plus libre encore, ainsi elles poursuivent leur danse et tressent le vivant tout autour d’elles. Sur ce chemin commun éclairé, elles façonnent un art holistique, dialectique, émergeant depuis et pour le coeur des mondes. Un art révolutionnaire, un art à la force confiante en sa capacité à bouleverser l’ordre hégémonique qui détruit le tissu au fondement de toute forme de vie, un art rempli d’espoir qui n’a pas peur de défendre ses valeurs éthiques et morales face à l’ennemi, un art de combat qui connaît ses responsabilités envers les générations futures, un art qui écrit l’histoire et l’incarne maintenant, qui reprend la flamme puissante millénaire et rend hommage à l’immense courage de celles et ceux qui ont donné jusqu’à leur dernière plume pour nous. Ov et ses amiex de leurs ailes déployées étaient prêtes à entrer dans le feu, si le feu était la réalité, elles étaient prêtes à honorer la vie et à devenir ce feu.
[ métamorphose en cours … ]
Production
Remerciements
Aux serpents des mers, Aux os broyés des grands bassins, Aux faces enfuies dans la terre, Aux existences prises dans la solitude, Aux corps en camouflage, Aux tissus contaminés, Aux contacts qui soignent, Aux puissantes rencontres, Aux flammes dans les yeux, Aux « jamais libre si tu ne l’es pas », Aux étreintes qui perdurent, Aux fleurs sur les bas-côtés, Aux abeilles et aux frelons, Aux enfants indisciplinés, Aux fourchettes du zbeul, Aux métamorphoses, Aux corps inassignables, Aux talons aiguilles provocantes, Aux poils doux dans les niches chaudes, Aux veilleuses dans les chemins, Aux pieds nus sur les bris de verre, Aux barricades de papier enflammées, Aux cabanes sur les eaux, Aux sans-abris pour respirer, Aux histoires oubliées des grands récits, Aux douloureuses privations de parole, Aux lucioles des mailles profondes, Aux complicités ardentes, Aux brûlures des sœurs, Aux intimités violées, Aux enfants qui ne viendront plus, Aux muselières dans les prisons, Aux yeux arrachés, Aux ossatures qui ne pourront plus jamais danser, Aux désespoirs où il n’y a plus rien à perdre, Aux espoirs prêts à tout sacrifier, Aux oiseaux de la tempête qui approche, Aux amitiés dispersées