Hideyuki Ishibashi
Limen - Installation - 2017
présentée dans le cadre de l'exposition panorama 19
Il y a une relation inévitable entre l'objectif et le sujet lorsque nous utilisons un appareil photo pour fixer une image, prouvant son existence. D'autre part, halos, dégradations ou flous s’opposent à cette fonction d’enregistrement. La raison pour laquelle je suis attiré par cet aspect de la photographie, c'est que je peux reconnaître que ces informations ont été enregistrées par l'appareil et non pas par notre œil ni par notre mémoire. Les nouvelles technologies préviennent halos et flous, nous offrant une image claire et nette. Elle est plus attrayante que la réalité que nos yeux peuvent saisir. Ainsi nous dépendons de plus en plus de l’œil d'un appareil photo plutôt que de nos propres yeux et notre temps d’observation directe de l'objet diminue.
Lors de ma recherche, j'ai collectionné des fragments qui disparaissent à cause de halos, de flous ou de dégradations et essayé de sauver les informations résiduelles. J’ai extrait de ces fragments des bruits et couleurs numériques qui habituellement gênent notre regard. En tricotant ces fragments réparés et ces bruits en patchwork, je réalise que ce que je rassemble sont des moments perdus plutôt qu'une image perdue. Contrairement à l’usage qui veut que la photo soit « fixée » sur papier, j’ai voulu utiliser des ombres, et fixer l'image directement dans l'esprit des visiteurs. Ici, la photographie n’est pas fixée mais évanescente et c’est l’œil du visiteur qui procède à l’enregistrement.
Ce projet nous offre le temps de repenser notre relation avec la photographie à cette époque, à travers une question : Que signifie vraiment « être pris dans la photographie » ?
Citation
"Time is empty. It is as futile as it is inescapable. A false eternity, made out of all the time on one's hands which drags on eternally. It is an attempt to live outside time by living in a part of time, to live timelessly in the past, or in the future. The present is never realized. "– R. D. Laing, Self and Others
Biographie de mon imaginaire
Sally Man/Jack Pierson pour leur caractère fortement intime/fragile. Felix Gonzalez-Torres pour la relation public/privé et la volatilité d’une œuvre. David Wojnarowiczet et Slater Bradley pour leur étude du concept de l’identité individuelle et culturelle. V. Woolf, J. Genet, T. Capote, C. McCullers, Y. Mishima, A. Sakaguchi, H. Guibert, D. Cooper pour leur façon de regarder la société ou eux-mêmes (socialement, sexuellement…) H. Darger, M. Gill, B. Traylor (l’art brut, naïf)… pour un questionnement fondamental, « Pourquoi créons-nous? »
Hideyuki Ishibashi
Né à Kobe, au Japon, en 1986. Après des études de photographie à Nihon University College of Art, Hideyuki Ishibashi vient s’installer et travailler à Lille en 2011. Son travail, qui s’exprime essentiellement à travers la photographie, a été présenté lors d’événements tels que Unseen Photo Festival et Breda Photo ou lors d’expositions personnelles et collectives au Japon, en Corée du Sud, Angleterre, Espagne, France, Allemagne, Belgique et aux Pays-Bas. Il était également nominé au prix Voies Off 2013 à Arles, où il a présenté ses travaux pour la première fois en France, puis en 2014 par SFR Jeunes Talents Photo pour l’exposition « Micro-Macro » à Lille. Son projet Présage a fait l’objet d’un premier livre en 2015 publié par IMA Editions au Japon.
Production
Remerciements
Bruno Nuytten, François Bonenfant, Madeleine Van Doren, Daniel Dobbels, Pascale Pronnier, Christophe Boulanger, Jean de Loisy, Pascal Buteaux, Jacky Lautem, Christophe Gregório, Cyprien Quairiat, Sébastien Cabour, Jean‐Marc Delannoy, Antoine Rousseau, Anna Katharina Scheidegger, Julien Guillery, Olivier Anselot, Aurélie Brouet, Lucie Bercez, Barbara Merlier, les promotions Manoel de Oliveira et Chantal Akerman