June Balthazard
La rivière Tanier - Film - 17min - 2017
présenté dans le cadre de l'exposition panorama 19
La grand-mère de la réalisatrice est un mystère. Depuis qu’elle a perdu la mémoire, sa simple évocation suffit à raidir les corps. Que nous caches-tu Marie Lourdes dans ton épais silence ? D’un coup, les langues se délient. En la racontant, ses proches conjurent le passé et exorcisent les souffrances. Ce documentaire en dessin d’animation part d’un point noir, un secret de famille. Avec un procédé proche de la gravure, il emprunte à l’archéologue le geste qui consiste à creuser, à révéler. Cette exploration est celle des lèches de terre, au cœur des océans qui abritent l’identité créole. C’est aussi un récit comme il en existe dans toutes les familles, de vie et de disparition.
Citations
« Seul le cinéma autorise Orphée à se retourner sans faire mourir Euridyce. » Jean-Luc Godard
« L’ordinaire devient beau comme trace du vrai si on l’arrache à son évidence pour en faire un hiéroglyphe, une figure mythologique ou fantasmagorique. » Jacques Rancière
Biographie de l’imaginaire
J’ai découvert le combat-étreinte du film Accatone de Pier Paolo Pasolini, la lettre de Ventura dans En avant jeunesse ! de Pedro Costa, les parasols de Ce vieux rêve qui bouge de Alain Guiraudie, l’entrée impromptue du pigeon dans Amour de Michael Haneke, des moments de cinéma dans lesquels l’accident est accueilli et l’ordinaire est déplacé pour aller dans le sublime. J’ai également découvert, la vidéo Kempinski dans laquelle Neil Beloufa va à rebours des traditionnels films ethnologiques en réalisant un film futuriste au Mali. Une démarche décalée, à l’instar de Camille Henrot qui, elle, décale même physiquement l’image dans la vidéo Coupé décalé.
June Balthazard
Née en 1991 en France, June Balthazard a étudié à l’Institut Supérieur des Beaux-Arts (ISBA) de Besançon et parallèlement, à la Haute École d’Art et de Design (HEAD) de Genève dans le département Cinéma/cinéma du réel. Elle a également fait un post-diplôme au Fresnoy - Studio National des Arts Contemporains où elle a réalisé deux documentaires : La rivière Tanier et Le baiser du Silure.
Son travail mêle des éléments hétéroclites. Elle confronte notamment le documentaire à des formes plus éloignées du réel qui ne le trahissent pas, mais au contraire l’éclairent et le transfigurent. En ce sens, ses films sont empreints d’un réalisme magique.
Son travail a été montré dans des festivals internationaux tels que le Festival international du film de Melbourne en Australie, le Festival international du court-métrage de Busan en Corée du Sud, Go Short aux Pays-Bas, le Festival du court-métrage de Clermont-Ferrand en France, les RIDM au Canada ou Visions du réel en Suisse, où elle a reçu le prix Opening Scenes en 2018.