Daniel Dobbels
L'ange aux traits tirés - Installation - 2007
présentée dans le cadre de l'exposition Panorama 8
Installation
Un geste dansé vient mourir à l'image, là où, ignorant de ses pouvoirs, il ne meurt plus de lui-même, dans l'espace et dans son temps.En ce sens, l'image ne vole pas à son secours, mais elle retient, déporte, diffracte l'agonie du geste et la spectralise, hors champ, aux yeux de tous, en des plis d'ailes réduits au battement presque imperceptible d'un cil. C'est en ce point qu'un ange passe, ne sachant s'il veille sur cette nouvelle mémoire ou sur le destin d'un corps effaçant encore le fond du temps. S'il fallait une main pour nous guider dans cet entre-deux, ce serait celle de Paul Klee. S'il fallait un regard pour en promettre la lumière, ce serait aussi celui de l'auteur du «Maître de danse» ou de «La danse de l'enfant triste». Klee est la sentinelle des mondes virtuels. C'est lui qui en conjure les fins violentes et prématurées. Et qui maintient entre l'hallucination et l'obscurité sans recours le trait vif d'une image, étranger à l'attrait d'une absolue disparition. [...] Le danseur consent alors à cette tâche qui, aux yeux de Rilke, est la sienne, celle d'être le nom muet reposant sous le terme d'artiste : «Et l'artiste dit-il est toujours celui-ci : un danseur dont le mouvement se brise sur la contrainte de sa cellule. Ce qui dans ses pas et dans l'élan restreint de ses bras n'a point d'espace, cela, dans l'épuisement sort de ses lèvres, à moins que, de ses doigts écorchés, il ne lui faille inscrire sur les murs les lignes de son corps qu'il n'a pas encore vécues.» L'image ? Celle-là même qui, du fond de sa cellule, prolonge ce qui ne pouvait plus créer d'espace...
Daniel Dobbels
Né à Paris en 1947