Joachim Olender
Bloody eyes - Film - 2011
présenté dans le cadre de l'exposition Panorama 13
Film
Une nuit, une ruelle, un corps inerte dans une voiture. Une femme s’enfonce dans la ville d’un pas pressé. Un homme la rejoint, il veut son corps mais surtout il veut ses yeux. Il lui arrache les lunettes noires qui couvrent son visage et c’est la mort qu’il voit dans son regard. Une nuit, dans les rues de la ville, la femme erre à la rencontre d’un inconnu. Un homme sera-t-il capable de soutenir son regard ? Elle veut y croire. Elle n’y croit plus. C’est sa nature. Elle ne peut pas s’en empêcher. Elle tue.
Bloody Eyes est une revisitation contemporaine du mythe de la gorgone dont le scénario est tiré d’une nouvelle inédite du cinéaste Luc Dardenne.
La contrainte première que je me suis donnée est que mon récit prenne corps à travers l’action qu’exercent ses yeux sans jamais les voir. Ils sont absents de l’image. Ils sont le hors-champ, le reste, l’autre. La mort. Le manque aussi. Et pourtant ils sont le film. C’est un peu comme ça que je vois le cinéma : une fausse confrontation magique, un évitement magnifique, une histoire de fuite et de désir, de désespoir et de fantasme. Un besoin irrépressible d’image mais totalement vain et à jamais déçu. C’est cela la tragédie de l’image. Rien n’est réglé. Ça s’est obscurci même. Et pourtant nous sommes traversés par une force étrange.
Joachim Olender
Joachim Olender est vidéaste et plasticien, préoccupé par la notion d’archive fictionnelle.
Il intègre Le Fresnoy en 2010, où il entame une thèse de création avec Paris 8. En 2014, il réalise La collection qui n’existait pas,
documentaire sur la collection Daled et l’art conceptuel (Grand Prix, 34e Festival international du film sur l’art de Montréal).
Il a récemment réalisé Le Chêne de Goethe, Film by Samuel Beckett, Artifices et Le Musée de Berlin. Olender travaille entre
Bruxelles et Paris.