David Rokeby
Hand-Held - Installation - 2012
présentée dans le cadre de l'exposition Panorama 14
Installation
Hand-held est une installation composée d’un espace apparemment vide qui révèle son contenu quand on l’explore avec les mains. Aujourd'hui, nous avons l’habitude d’utiliser nos mains pour naviguer dans des espaces virtuels, qu'ils soient commerciaux, sociaux, politiques ou relationnels, en nous servant d'écrans tactiles, de souris et de claviers. Nos mains, qui ont fortement évolué en termes de dextérité et de terminaisons nerveuses, sont réduites à un rôle de pointeur et de signifiant. L'œuvre occupe l'espace d'exposition à la manière d'une sculpture, mais n'est d'abord visible que par l'ombre qu'elle reflète sur le sol. Nos mains sont les agents actifs avec lesquels nous explorons l'espace. Quand notre main pénètre dans l'espace occupé par une partie de la sculpture, son image apparaît sur nos mains et nos doigts, comme si elle était physiquement présente. Si l’on bouge ses mains dans tous les sens, on peut découvrir l'envergure de l'objet et ses interactions avec ce qui l'entoure. Quand on s’approche d'un objet, il est d'abord flou, puis il devient plus net au fur et à mesure que la main se rapproche. Quand on passe la main au-dessus de lui, l'objet perd à nouveau de sa netteté et disparaît. Certains éléments bougent quand on les traverse, comme si une brève séquence d'images vidéo était projetée dans l'espace. Autre cas de figure, si l’on traverse un objet, on voit apparaître une série de coupes transversales ondoyantes de sa partie intérieure. La sculpture invisible est principalement composée de mains et d'objets que l’on tient. Les mains (détachées de leurs corps comme celles des bourreaux de la fresque de Fra Angelico, « Jésus raillé par ses bourreaux ») se touchent, s'échangent des objets avec des gestes évoquant à la fois la convivialité, les aspects pratiques, financiers et symboliques. C'est en quelque sorte un réseau d'engagements et d’échanges hanté par les fantômes d’une tactilité et d’une intimité révolues . En même temps, c'est une évocation de la plénitude de l'espace, en apparence vide, qui nous entoure... et qui est occupé par le foisonnement de nos idées, par nos regards voyeuristes et inquisiteurs, par l’intensité émotionnelle qui émane de nous et, plus encore, par la communication invisible que nous utilisons de plus en plus pour transmettre des informations, mener des transactions et être en lien avec les autres.
David Rokeby
Né en 1960 à Tillsonburg, Canada. Réside et travaille à Toronto, Canada.
La première œuvre de David Rokeby Very Nervous System (1982-1991) était pionnière en matière d'art interactif. Elle consistait à transformer des gestes physiques en environnements sonores interactifs, en temps réel. Cette œuvre a été présentée à la biennale de Venise en 1986 et s'est vue décerner en 1991 « l’Award of Distinction » du festival Ars Electronica dans la catégorie des arts interactifs.
Plusieurs de ses œuvres ont trait à la surveillance numérique, notamment Taken (2002), et Sorting Daemon (2003). D'autres œuvres présentent une analyse critique des différences entre l'intelligence humaine et l'intelligence artificielle. The Giver of Names (1991-) et n-cha(n)t (2001) représentent des entités subjectives artificielles, provoquées par des objets ou des mots émis dans leur environnement immédiat, afin de formuler des phrases à haute voix.
David Rokeby a donné de nombreuses conférences et exposé la plupart de ses œuvres aux Amériques, en Europe et en Asie. Il a reçu en 2002 le prix « Governor General » des arts visuels et médiatiques et le « Golden Nica » de l'art interactif du festival Ars Electronica. Le premier prix d'art interactif de l'Académie britannique des arts de la télévision et du cinéma (British Academy of Film and Television Arts - BAFTA) lui a également été remis en 2000.