Véréna Paravel
Bats in my belfry - Installation - 2024
présentée dans le cadre de l'exposition Panorama 26
J’ai commencé une psychanalyse pour me libérer de traumatismes. Lorsque j’ai dû m’éloigner physiquement du cabinet d’analyse, mon travail analytique s’est poursuivi par téléphone. En parlant, j’ai commencé à gribouiller, des mots, des figures, des formes, des images. Ces créations spontanées sont des fragments de mon inconscient, des offrandes opaques et silencieuses, des énigmes à trop d’inconnues, des éruptions incontrôlées du magma intérieur. Elles n’ont jamais eu d’autres destin ni prétention que de se répandre dans le téléphone de mon âne à liste. Je n’avais jamais dessiné, jamais peint, jamais fait de collage. En deux ans et demi, plus de 600 de ces secrétions sont venues grignoter la mémoire vive de son téléphone. Secrétions secrètes, elles n’ont jamais été évoquées dans les séances de psychanalyse.
Mon analyste ayant refusé de participer à un film sur la psychânalyse, je l’ai remplacé par un vrai âne à liste, lui aussi lacânien.
Véréna Paravel
Anthropologue, cinéaste, monteuse, productrice et artiste, Véréna Paravel conjugue dans son travail une recherche ethnographique autour de l’appréhension de la vie et des questionnements politiques et écologiques. Depuis 2006, Véréna Paravel travaille avec Lucien Castaing-Taylor au Sensory Ethnography Lab de l’Université d’Harvard. Ils réalisent ensemble plusieurs films, notamment Leviathan (2012), somniloquies (2013), Ah Humanity (2015, avec Ernst Karel), Caniba (2017), et De Humani Corporis Fabrica (2023). Ces œuvres ont été présentées dans plusieurs festivals parmi lesquels ceux de Berlin, Toronto, Venise et Cannes. Véréna Paravel est professeure invitée à l’Université d'Harvard et membre de la faculté d’enseignement supérieur de l’École des Arts Politiques de Sciences Po Paris.