Artiste-professeur invité

2004 - 2005

Gary Hill

Né en 1951 à Seattle (États-Unis)

"Parler d'image à propos de l'œuvre de Gary Hill ne saurait être un simple jeu de mots, dans la mesure ou celle-ci propose un trait fondamental de l'être humain : sa capacité à construire le monde des objets par le langage. Dans cette seconde voie empruntée par l'artiste, il faudra donc distinguer l'image vidéo de l'image symbolique et signifiante (picture) que nous développons à partir du réel et que nous projetons mentalement. L'image n'est pas seulement celle du film développant son langage propre, elle est aussi une vision du monde se présentant sous des formes langagières. (...)

Certes, les objets ou les outils construits par Gary Hill possèdent une fonction esthétique et visent à intégrer le monde et le langage de l'art, mais en renvoyant au monde extérieur et à la langue naturelle. Par-delà une quête individuelle, Gary Hill explore à sa manière une condition première et universelle : du langage et du monde nous ne pouvons sortir, ni exister sans eux ".

(Extraits du texte de Jacinto Lageira, catalogue de l'exposition de Gary Hill au Centre Pompidou, 1992).

Gary Hill débute une carrière artistique de sculpteur à Seattle dans les années 1970. Mais il est avant tout un des premiers artistes vidéastes à être reconnu par le monde de l'art contemporain. Si ces premiers travaux sont fondés sur une démarche exclusivement visuelle, ceux qu'il réalise vers le milieu des années 1970 commencent à intégrer des composantes sonores. Les images de ces vidéos sont infiltrées par la voix et le texte. L'artiste, très influencé par la littérature et la philosophie européenne, s'intéresse longuement au langage et à ses modalités d'articulation : " Le langage est un matériau dont le ressort est inépuisable. Si on réussit à le débarrasser de son histoire, à en dégager la substance matérielle, il est capable de déchirer quelque chose au plus profond de nous-mêmes. Les images, au contraire, ne font bien souvent que glisser sur les bords de notre esprit, comme lorsqu'on est assis dans une voiture et qu'on regarde par la vitre ". L'originalité des travaux de Gary Hill réside dans la volonté de donner au verbe une dimension physique.