Depuis 1986, Hannah Collins réalise des œuvres monumentales qui captent le passage du temps et l'empreinte de l'histoire sur l'architecture, les lieux et les gens.

Une de ses œuvres majeures, La Mina, nous éclaire sur la « méthode » de l'artiste. « La Mina s'inscrit dans le prolongement de ses travaux photographiques antérieurs, de ceux, plus particulièrement, où l'environnement bâti est représenté sous l'angle de ses trans-mutations culturelles.

Tourné en 35 mm sur une période de 23 jours à La Mina, complexe résidentiel construit en 1973 sous Franco destiné à sédentariser les Gitans dans la périphérie de Barcelone, ce film, diffusé sur cinq écrans de manière asynchrone, est composé de scènes scénarisées et de scènes improvisées mettant à contribution les habitants du lieu. Le choix du format 35 mm, plus complexe du point de vue logistique que la vidéo numérique, traduit l'intention de rendre sensible l'acte de représentation, cela afin de susciter l'attention, l'adhésion et la participation de la communauté. Telle est la part sociale et anthropologique de cette œuvre élaborée comme un événement collectif. Aux antipodes des images prises à la sauvette, les représentations réalisées par Hannah Collins s'enracinent dans les situations qu'elle a observées : un ancien acteur de westerns spaghetti arbitre une dispute, un adolescent rêve de devenir acteur, un homme collecte des déchets industriels, un autre cloué à un fauteuil roulant exprime son cante hondo ou chant profond.

Le projet développé par Hannah Collins cette année au Fresnoy est un film qui peut être imaginé dans le prolongement de ce travail.

Réalisée en partenariat avec la communauté urbaine de Roubaix, cette œuvre envisage la région lilloise comme un noyau de circulation par lequel transitent toute sorte de biens en provenance du reste de l'Europe.

L'œuvre est conçue comme une série d'histoires passionnées entre des individus qui présente l'espace de Roubaix et ses rapports avec son propre passé et avec l'histoire de chacun de ses personnages, par le biais d'histoires ancrées dans le présent. Le film met à l'honneur à la fois le côté historique des événements et les lieux où ils se sont déroulés.

Le travail d'Hannah Collins a fait l'objet de multiples expositions tant en Europe qu'aux États-Unis. Récemment, le Centro de Arte Contemporáneo de Málaga lui a consacré une importante exposition accompagnée d'une publication.

Ses travaux photographiques et vidéographiques ont été présentés notamment à la Nelson Gallery de l'Université de la Californie à Davis (2003), au Printemps de septembre à Toulouse (2003), à la Leo Castelli Gallery à New York (2003), à la Biennale de Venise (2000), à la John Hansard Gallery à Southampton en Grande-Bretagne (1999), à la Fondació Joan Miró à Barcelone (1998), au Irish Museum of Modern Art à Dublin (1996) et à la 3e Biennale d'Istanbul en Turquie (1993).

Ses œuvres se retrouvent dans de nombreuses collections privées et publiques dont le Museu d'Art Contemporani de Barcelone, la Maison Européenne de la Photographie à Paris, la Tate Gallery à Londres et le Walker Art Center à Minneapolis. Hannah Collins a été sélectionnée pour le prestigieux Turner Prize de la Tate Gallery en 1993.