Indices d'Orient La mémoire, le témoin et scrutateur
Natural process activation #1 Arche
Installation, 2013
Artiste-professeur invité
2024 - 2025
Né en 1986 à Casablanca (Maroc)
Né en 1986 à Casablanca au Maroc, Hicham Berrada est diplômé des Beaux-Arts de Paris (2011) et du Fresnoy - Studio national des arts contemporains (2013). Il vit et travaille à Roubaix. Le travail d'Hicham Berrada associe intuition et connaissance, science et poésie. Il mobilise dans ses œuvres des protocoles expérimentaux et scientifiques pour activer différents processus naturels et/ou conditions climatiques.
« J'essaye de maîtriser les phénomènes que je mobilise comme un peintre maîtrise ses pigments et pinceaux ». Son travail a par exemple été exposé au Louvre-Lens et à la Hayward Gallery à Londres en 2019, à la Triennale de Yokohama en 2020, à la Bourse de commerce de Paris en 2023.
Dans ses vidéos, installations et performances, il s'ingénie à créer de nouveaux mondes, en apprivoisant les lois de celui que nous connaissons. Ces lois --- qu'elles soient mathématiques, biologiques ou encore chimiques --- sont orchestrées afin de générer des paysages à mi-chemin entre le familier et l'étrange. Il définit donc sa démarche comme celle d'un régisseur d'énergies, qui choisit et agence des paramètres : agir sur la température, la luminosité ou la viscosité d'un milieu, de façon à ce que, dans un cadre défini, quelque chose se produise. Ce qui est présenté est donc toujours une collaboration entre une intervention humaine et des phénomènes physiques, chimiques et biologiques.
En appliquant la méthode expérimentale à des fins plastiques, il a ainsi joué avec le rythme circadien des plantes, invitant des pissenlits à s'ouvrir en pleine nuit (Bloom, 2012) ou à l'inverse, incitant un jasmin de nuit à embaumer le jour (Mesk Ellil, 2015). En filigrane de ses travaux, se dessine un questionnement sur le temps, dans ses dimensions physiques et en tant que perception humaine. La question du temps va de pair avec une réflexion sur l'impermanence de la matière : tout est en mouvement constant, même les sculptures de bronze. Plongées dans l'eau et soumises à un faible courant électrique, elles se désagrègent en des volutes mouvantes comme des nuages, condensant en quelques mois les dommages qui pourraient advenir aux bronzes en plusieurs
siècles sous notre atmosphère (Masse et Martyr, 2017). Quant aux circuits imprimés déjà obsolètes, devenus déchets informatiques, ils se refondent dans le bain électrolytique, pour se réorganiser en des petits mondes aux formes foisonnantes et ciselées (Permutations, 2021). Le minéral bouge et les composants purement inorganiques des Présages (2007- 2024) dévoilent en temps réel des mouvements vifs et rapides qu'on attribuerait d'instinct à des êtres vivants plutôt qu'à des produits minéraux.
Les étranges entrelacements des Augures Mathématiques (2019) ou les formes énigmatiques des Hygres (2023-2024) sont eux des hybrides entre l'organique et l'inorganique, rendus possibles par des simulations 3D qui combinent les équations simulant le développement de différents êtres : racines, nuages, lichens. Ils pourraient donc virtuellement exister dans des conditions favorables, selon la morphogenèse, une discipline scientifique qui s'attache à comprendre comment les flux et les forces font formes, en les traduisant par des formules mathématiques.
Le projet à venir au Fresnoy explore également la génération mathématique de formes et d'univers, à travers la création d'un jardin virtuel, émergeant d'un plan parallèle à notre réalité physique. Ce jardin numérique, étrange et fantastique, prendra racine et se développera sur un écran, où des plantes hybrides s'épanouiront parmi des roches inconnues, dans un ballet de couleurs et de formes en constante évolution, reflétant les données d'un jardin réel. Comme dans des mondes imbriqués, il se façonnera en fonction des conditions de température et d'hygrométrie d'un jardin réel, transformant l'écran en une variation tangible, une réalité parallèle, à la fois fantasmagorique et étrangement plausible.
Ce projet incarne un pont entre le monde physique et le monde numérique, il représente un espace où les limites entre la réalité matérielle quotidienne et les mondes de l'esprit sont poreuses, invitant à plonger dans un ailleurs et à dissoudre les frontières du connu et de l'inconnu.
Indices d'Orient La mémoire, le témoin et scrutateur
Installation, 2013
Panorama 14 / Elasticités
Film, 2012