Panorama 12 / Soft machine
Toujours moins
Film, 2010
Artiste-professeur invité
2009 - 2010
Né en 1937 à Paris (France)
Cinéphile dès l'âge de huit ans, critique aux Cahiers du cinéma à dix-huit ans aux côtés de Truffaut, Rivette, Godard, Rohmer..., auteur d'une Politique des acteurs, d'essais sur Buñuel, Lang et King Vidor, cinéaste dès 1960, acteur à partir de 1966 en même temps que producteur (de ses propres films mais aussi d'Eustache ou de Duras). Luc Moullet, en 2009, déploie encore tous ces talents.
À ce jour, il a signé trente-huit films de tous formats, du court au long métrage, et de tous genres : comédie (Brigitte et Brigitte), aventure (Les Contrebandières), western (Une aventure de Billy le Kid, avec Jean-Pierre Léaud), film érotique (Anatomie d'un rapport, coréalisé avec sa femme, avec lui dans le rôle principal), journal intime (Ma première brasse, Les Minutes d'un faiseur de films), road movie (Parpaillon), film criminel (Au champ d'honneur), documentaire militant (Genèse d'un repas), géographique (Foix, La Cabale des oursins), comique (Barres), adaptation littéraire (Le Fantôme de Longstaff) ... Tous sont reliés par un fil d'or et d'Ariane, tendu de bout en bout : le comique.
Luc Moullet est le seul cinéaste burlesque de la Nouvelle Vague. Pince-sans-rire comme Keaton, fin observateur de la comédie sociale de son temps comme Tati et Buñuel, pataphysicien et logicien de l'absurde comme Jarry, il lui suffit de poser son regard sur l'humanité et la société qui l'entourent pour en révéler les travers. Sa démarche parascientifique et sa rationalité emballée tiennent le monde à bonne distance.
Godard, qui disait vrai, n'a cependant pas tout dit...
Le cinéma compte beaucoup d'historiens mais peu de géographes. Luc Moullet en est un. Né d'une famille originaire des Alpes du Sud, suivant sagement le conseil de Lubitsch (« pour savoir filmer des acteurs, il faut d'abord savoir filmer des montagnes »), il n'a cessé de filmer les reliefs. De là lui vient peut-être aussi son goût du dénuement. Entre littéralité et loufoquerie, son style simple et efficace, affûté à la pointe de son érudition cinéphile, est une ascèse pratiquée en pleine conscience.
Panorama 12 / Soft machine
Film, 2010