Artiste-professeure invitée

2022 - 2023

Basma al-Sharif

Basma al-Sharif est une artiste d'origine palestinienne qui a grandi entre la France, les États-Unis et la bande de Gaza, et dont le nomadisme a nourri la pratique. Elle a recours au film et à l'installation afin de questionner le legs du colonialisme dans des œuvres satiriques, immersives et lyriques. Parmi les principales expositions de Basma al-Sharif, citons la « Ruttenberg Contemporary Photography Series » pour l'Art Institute of Chicago, « Modern Mondays » au MoMA, CCA Glasgow, la Whitney Biennial, les Rencontres d'Arles, « Les Modules » au Palais de Tokyo, « Here and Elsewhere » au New Museum, la Riwaq Biennial Palestine, le Berlin Documentary Forum, la Sharjah Biennial, Videobrasil et Manifesta 8. Son premier long métrage Ouroboros, hommage à la bande de Gaza et aux cycles sans fin de destruction et de renaissance, a été montré pour la première fois à Locarno. Ses courts métrages ont été projetés dans des festivals internationaux, entre autres, à Berlin, Milan, Londres, Toronto, New York, Montréal et Yamagata. Basma est représentée par la galerie Imane Farès à Paris, et distribuée par Video Data Bank et Arsenal. Elle vit à Berlin.

Au Fresnoy, Basma al-Sharif travaillera à l'installation La Béotienne, court métrage et pièce sonore sous la forme d'une dramatique radio inspirée d'A Philistine, une de ses œuvres antérieures. Cette œuvre s'articule autour de la lecture de son roman court expérimental tiré à vingt-cinq exemplaires et écrit en anglais et en arabe vernaculaire. En réinventant les itinéraires historiques des trains au Moyen-Orient, et en ayant recours à l'histoire, la fantaisie et l'érotisme, le récit nous entraîne dans un voyage incessant qui donne à voir ce à quoi ressemblerait un tel périple aujourd'hui. Les frontières se défont, et les habitants du Levant et de l'Afrique du Nord se croisent le long d'un voyage en train qui échappe à l'imminence du futur et sonde les répercussions de la présence de l'État-nation sur la région.

« La trame d'A Philistine, voyage dans le temps où s'abolissent les frontières, suit le tracé des lignes de trains de l'époque coloniale ravagées par la guerre. Souvent ludique et pleine d'humour, parfois troublante et mystique, la représentation de l'expérience palestinienne du déplacement semble osciller entre une absence d'espoir - l'inévitable montée de la violence et de l'injustice - et une croyance sciemment naïve à des lendemains qui chantent. Cette ambiguïté émotionnelle et politique reconnaît et résiste à la tragédie palestinienne tout en refusant d'y être confinée. C'est une approche qui cherche la contradiction dans la complexité des personnes et de leur situation. » Chris Sharratt, Art-Agenda review

L'œuvre s'accompagne d'images de bannières à grande échelle, prises lors d'un vrai voyage dans l'actuelle ex-Yougoslavie, qu'elle confronte à des images de l'époque coloniale tirées de la bibliothèque du Congrès en Égypte, en Palestine et au Liban.

Dans La Béotienne, enregistrements de terrain, bande-son originale et comédiens en voix off transformeront le texte en une pièce musicale émaillée de paroles et de paysages sonores viscéraux. Un court métrage viendra également illustrer l'une des scènes centrales du roman, où le désespoir atteint ses limites et les palmiers parlementent avec les passagers. En réponse à la pièce sonore, le film met sur pied un espace immersif nous permettant d'imaginer, pour un instant seulement, ce qui n'est déjà plus possible.

Le titre est tiré des noms péjoratifs désignant une personne inculte, grossière, ennuyeuse ou ignorante : béotienne, Nawariya et philistine sont utilisés indifféremment dans l'œuvre en référence au personnage principal, qui nous montre la région sous un jour nouveau.


ŒUVRES PRODUITES AU FRESNOY