LUN. 16 OCT. 2023 — 16H > 18H Conférence organisée dans le cadre du programme pédagogique, ouverte au public, sur la thématique « La crise terrestre, le langage, la fiction ». Camille de Toledo est est écrivain, docteur en littérature comparée.
D’où vient la « crise terrestre » ? Comment en sommes-nous venus à déshabiter le monde, à le dépeupler, à le détruire ? Dans Une histoire du vertige, mon dernier livre, j’explore la coupure, la séparation entre les humains et les autres formes du monde. Je propose de lire cette coupure comme un écart, un vertige, une crise de la hauteur. Quelles sont les formes de nos vertiges ? Vertige des confusions entre le vrai et le faux, entre la réalité et la fiction, vertige des genres, des catégories, vertige général des appuis anciens de l’existence… Lors de cette conférence, je propose de parcourir ces vertiges, cette histoire de la séparation ; de la lire comme une crise de nos habitations fictionnelles et de nos langages. Les modernes, au fil d’une longue histoire où s’est aggravée la coupure, se sont enfermés dans des bulles narratives, des encodages de la vie. L’époque révolue dite du postmodernisme fut l’acmée de cet enclosure narrative, jusqu’à ce que nous soyons rappelés aux conditions terrestres, aux divers attachements de la vie. Ce sont nos encodages juridiques, économiques, politiques – mais aussi, artistiques, littéraires – qui ont petit à petit creusé l’écart entre la façon dont nous vivons et la réalité terrestre. Entre mes travaux sur les droits de la nature et mon travail d’écrivain, entre mes recherches corporelles pour reprendre appui, et mes explorations narratives dans le cadre de mes enseignements en création littéraire, je vous invite à venir découvrir celui que je nomme Sapiens narrans : un animal doué pour l’abstraction, pour la fiction, pour le détachement et qui, à force de vivre dans ses créations, s’est détaché de la vie.
Biographie
Camille de Toledo est écrivain, docteur en littérature comparée. Il enseigne les arts narratifs à l’Atelier des écritures contemporaines de l’ENSAV (La Cambre), à Bruxelles ; et la création littéraire à l’Université d’Aix-Marseille. Il est l’auteur, notamment, de Le Hêtre et le Bouleau, essai sur la tristesse européenne (2009), Vies potentielles (2010), L’Inquiétude d’être au monde (2012), Le livre de la faim et de la soif (2017). Il a étudié l’histoire, le droit, les sciences politiques et la littérature. En 2004, il obtient la bourse de la Villa Médicis. En 2008, il fonde la Société européenne des auteurs pour promouvoir « la traduction comme langue ». En 2012, il part vivre à Berlin après la mort de son frère, de sa mère et de son père. Engagé pour une reconnaissance juridique des éléments de la nature, il a orchestré le processus instituant des Auditions pour un parlement de Loire (2019-2020), avec le Pôle Art et Urbanisme, dont est sorti Le fleuve qui voulait écrire, récit de ce qu’il nomme « le soulèvement légal de la Terre. » Il a conduit parallèlement un cycle autour de l’enquête avec l’École urbaine de Lyon sous le titre : Enquêter, enquêter, mais pour élucider quel crime ? Son dernier roman, Thésée, sa vie nouvelle, paru aux éditions Verdier à la rentrée 2020, a reçu le prix de la création de l’Académie française et le prix Franz Hessel. Dans Les potentiels du temps (2018) co-signé avec Aliocha Imhoff et Kantuta Quiros, il définit sa pratique artistique, qui entrelace narration et art, sous le terme d’« institutions potentielles ». Sa recherche porte sur ce qu’il nomme la « blessure » entre les encodages humains (la fiction, les langages, les récits) et le monde de la nature. C’est notamment en ce sens que sa thèse de doctorat portait sur le « vertige ». (Une histoire du vertige, de Cervantes à Sebald).
Alexandre Cornet 1er lauréat de la Carte blanche Art & Science pour son œuvre Saltation, diffusée à l’occasion du Festival OVNi - Objectif Vidéo Nice jusqu’au 1er décembre 2024 à la Fondation Maeght.
Le 18e prix StudioCollector, créé par Isabelle et Jean-Conrad Lemaître et remis vendredi 8 novembre par le collectionneur Jean-Philippe Vernes à La Sorbonne (Paris), est décerné à Amir Youssef pour son film EMAN (2024).