Le pouvoir de la fiction en science
Rencontre #4 | Sciences et fictions de l’humain
mer. 12 mar. 2025
14h00 > 19h00

The Great Silence (2014) © Allora & Calzadilla in collaboration with Ted Chiang
Salle de cinéma Cocteau
En accès libre
Lorsqu’on pense aux rapports qu’entretiennent science et fiction, viennent couramment à l’esprit la science-fiction, qui puise son imaginaire dans celui de la science, et la dissémination des savoirs scientifiques, qui recourt volontiers à la fiction pour rendre ceux-ci accessibles à un large public. La fiction semble dans les deux cas intervenir dans un second temps, comme si elle était subordonnée à la science. Or cette perspective ne rend pas compte de l’influence mutuelle qui existe entre l’une et l’autre.
Les recherches scientifiques s’ancrent souvent dans des imaginaires préexistants, issus autant de la science elle-même, que de la culture et des œuvres artistiques de leur époque. Certains courants esthétiques captent et amplifient des préoccupations collectives, influençant à leur tour les orientations prises par la science.
Ainsi, la fiction ne se contente pas d’illustrer les progrès scientifiques : elle participe activement à la manière dont une société imagine l’avenir, projette ses espoirs et formule ses inquiétudes face aux innovations techno-scientifiques.
La science comporte également une part de fiction avérée dans ses méthodes (les faits scientifiques ne sont pas de simples observations objectives, mais des constructions produites au sein d’un contexte socio-culturel), et l’idée d’employer celle-ci non plus uniquement comme un moyen annexe, mais comme une véritable modalité de production scientifique, revêt une certaine pertinence.
La fiction autorise en effet une spéculation libérée des contraintes institutionnelles, ouvrant des espaces d’expérimentation mentale où des intuitions non prouvées (ou non prouvables) ou des hypothèses parfois trop audacieuses aux yeux de l’institution scientifique peuvent néanmoins enrichir l’imaginaire scientifique.
Cette rencontre portera une attention particulière au vivant et aux manières dont la fiction vient troubler, déplacer et parfois même anticiper les savoirs scientifiques sur ce sujet.
Comment penser la diversité du vivant au-delà d’une vision anthropocentrée ? Comment raconter les formes de vie et les milieux qui nous sont peu familiers ?
Jusqu’où la fiction peut-elle s’éloigner de l’idéal d’objectivité scientifique tout en contribuant aux processus de recherche ? Et quels types de savoirs inédits permet-elle de faire émerger, que les approches académiques traditionnelles ne sauraient atteindre ?
Programme
14h — Olivier Perriquet
Introduction et présentation de la rencontre
14h10 — Fleur Hopkins-Loféron
Penser en animal : la conscience non-humaine dans l’œuvre SF de Camille Brunel
15h — Jeremie Brugidou
Vers un imaginaire de l’océan profond : Qu’est-ce qui le structure ? Quelle est sa matérialité ? Comment en faire une politique ?
15h50 — Projection de films courts
Jean Painlevé et Geneviève Hamon – Oursins (1954)
Allora & Calzadilla et Ted Chiang – The Great Silence (2014)
16h20 — Pause
16h30 — Vinciane Despret
Scientifictions plurispécifiques
17h20 — Matthieu Duperrex (conférence performée)
Blue Crab Blues
18h10 — Table ronde avec l’ensemble des intervenant·es
19h — Fin de la rencontre
Intervenant·es
Jeremie Brugidou, artiste-chercheur, cinéaste et docteur en arts
Vinciane Despret, philosophe et psychologue
Matthieu Duperrex, maître de conférences en sciences humaines à l’École nationale supérieure d’architecture de Marseille
Fleur Hopkins-Loféron, docteure en histoire de l’art
Olivier Perriquet, artiste
Sciences et fictions de l’humain
« Sciences et fictions de l’humain » est un programme de recherche interdisciplinaire élaboré à l’initiative du Fresnoy – Studio national des arts contemporains. Situant ses recherches à l’intersection de l’art, de la philosophie, de la science et de la technologie, il prolonge les réflexions du programme « L’humain qui vient » en invitant des artistes, des membres des domaines académiques scientifiques, philosophiques et littéraires à réfléchir à ce que l’on entend aujourd’hui par « humain » dans sa capacité à imaginer, à créer, à inventer, au sein d’une époque marquée par des transformations technologiques sans précédent et des crises globales défiant de manière inédite la raison humaine.
L’initiative se fonde sur l’intuition que la science et la fiction sont intrinsèquement liées par leurs désirs de savoir et d’imagination, de découverte et d’invention. Cette démarche invite à envisager les crises du temps présent sous un nouvel angle, grâce aux approches spéculatives et artistiques, et tout particulièrement à travers le prisme de la fiction. La science-fiction, en particulier, est vue comme un point d’entrée pertinent pour cette exploration en ce qu’elle a souvent anticipé et élargi les interrogations cruciales de notre temps. Le projet propose d’interroger toutes les formes de fiction qui entretiennent des liens avec la science et la philosophie. Il s’agit d’explorer l’étendue de notre appréhension de l’humain, en soulignant l’importance du rôle critique des artistes et des philosophes.
Membres du groupe de recherche
Alain Fleischer | Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains
Olivier Perriquet | Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains
Frank Madlener | Ircam
Mathieu Potte-Bonneville | Centre Pompidou
Ulysse Baratin | ENS Paris-Saclay
Volny Fages | ENS Paris-Saclay
Régis Bordet | Université de Lille
Nathalie Delbard | Université de Lille (CEAC)
Christian Duriez | Inria
Anne Simon | PhilOfr – République des savoirs (CNRS / ENS)
Justine Emard | Artiste
Sandra Delacourt | ESAD TALM-Tours & Université Paris 1 (HiCSA)
Quentin Gueho | IDEST Paris-Saclay
Philippe Achilleas | IDEST Paris-Saclay
Emmanuel Grimaud | Université Paris Nanterre (LESC)
Stéphanie Robin | Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains
Éric Prigent | Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains
Coordination scientifique
Alain Fleischer
Olivier Perriquet